En pratique.

 

La Relève crée un lieu de soin. Elle invite à prendre soin de soi, des autres et du monde. Elle propose des ateliers et un accompagnement spirituel et existentiel.

 

Tout en s’inscrivant dans le cadre de l’Ecole de vie qu’initie le monastère St Remacle et tout en s’enracinant dans la tradition chrétienne, la Relève ne fait pas de prosélytisme. Elle est ouverte aux autres traditions (spirituelles, philosophiques, sagesses) ainsi qu’aux apports des sciences humaines. Loin de tout syncrétisme elle épouse la logique du perspectivisme selon laquelle le monde gagne en objectivité dès lors qu’on prend en compte les différentes perspectives par lesquels nous le percevons et le comprenons. L’enjeu du perspectivisme est de faire de toute altérité de différence une altérité de relation. Il ne s’agit pas de se mettre à la place de l’autre (ce qui en soi est par ailleurs impossible), mais de le rejoindre dans ce qu’il vit. A l’instar de Terence, il importe de reconnaitre qu’il n’y a rien que ne puisse vivre un être humain qui ne me concerne car je suis moi aussi un être humain et, qu’en tant que tel, je suis confronté aux mêmes épreuves existentielles. Cette démarche est chemin d’humilité et de nudité. Dans un premier temps, il s’agit de comprendre l’universalité et l’anonymat de toute expérience humaine, puis dans un second de comprendre la manière dont l’autre l’éprouve à partir de son cadre de pensée, de son histoire, de sa subjectivité. Cette démarche permet ainsi d’éviter de juger l’autre, ce qu’il vit, dit et fait, pratique et pense, du haut de notre point de vue. Il ne s’agit toutefois pas de s’incliner devant la différence au nom d’un relativisme qui conduit à l’indifférence sinon au nihilisme.

 

La Relève cherche à créer un espace dialogique afin de se frotter aux frontières de nos évidences et de se confronter à l’altérité. Il n’y va pas d’une opposition mais d’une relation agonique, d’une relation qui nous permet de nous ajuster et de clarifier nos positions de vie en prenant appui sur la différence et la divergence. Cette rencontre avec l’altérité nous permet de revenir à nous-mêmes enrichis par le détour de l’échange. Nous découvrons alors dans la joie que notre identité est une identité en exode et qu’elle se construit joue après jour au fil des rencontres.

Ce n’est cependant pas parce qu’elle ne fait pas prosélytisme que la Relève n’a pas de racines. Ses racines sont chrétiennes ; ce qui veut dire qu’elles sont juives, grecques, latines, celtes et germaniques. C’est dans une foi (qui n’est pas une croyance) en un Dieu qui est une personne, en un Père qui invite à vivre, qu’elle s’enracine. C’est cette expérience de foi qu’elle met en partage. Et vu qu’il s’agit d’expérience personnelle, ce témoignage est à chaque fois teinté de la personnalité et de la sensibilité de la personne qui le partage.

 

En prenant appui sur ses racines, sur sa tradition, la Relève crée un lieu de rencontre, d’accueil, de retraite et d’accompagnement. Accompagner veut dire « manger le pain avec ». Le projet de la Relève est modeste : se rencontrer autour d’une table ou d’un atelier pour partager des questions, des idées, des émois, des expériences, des moments de vie.

 

La Relève ne s’apparente donc nullement aux courants dit de développement personnel. Sa démarche est à l’opposé des démarches managériales de coaching. Elle ne booste aucun ego. Elle ne vise aucune performance ni aucune excellence. Elle ne se décline ni dans les termes de la pensée positive ni dans ceux des courants new-âges. La Relève ne propose aucun mode d’emploi. Elle ne fournit aucune recette. Elle n’implémente aucune nouvelle compétence. Elle n’éveille aucune acuité extraordinaire, ni aucune perception extrasensorielle. Elle ne propose aucun protocole pour aller mieux. Elle ne cherche pas à renvoyer les gens au front ni même à les remettre en selle.

 

 

Elle se contente de laisser tomber çà et là des miettes. Ces petits morceaux de pain sont autant de cailloux ou de bouts de ficelle qui peuvent être ramassés pour servir de balise ou pour (re)tisser quelque chose dans notre histoire. Elle précise encore que ces miettes proviennent du pain que l’on rompt ensemble lorsque nous nous rencontrons. Elle laisse ainsi repartir les gens avec ce qu’ils souhaitent emporter. Chaque personne est ainsi amenée à prendre son chemin de subjectivation, à décider librement et souverainement ce qu’elle fait de la vie qui lui est donnée et du temps qu’il lui est imparti.